« De l’autre côté du jardin »

«Walkman» , nouvelle tirée du livre
(Editions Monographic, 2005)

«Elle s’allongea sur la pierre brûlante, étendit ses jambes et sortit un étui de cuir brun de son sac. Elle demeura ainsi, sans le moindre mouvement, enveloppée de lumière et d’odeurs de tilleul. Elle se souvenait de tous les moments magiques passés ici, dans ce cimetière veillé par les arbres, les haies, les prés. Par les oiseaux turbulents, les grillons qui ne dormaient jamais, les petits animaux de l’hiver laissant des messages dans la neige. Elle se souvenait de son enfance si proche, des rêves qu’elle avait déposés là, des mystères qu’elle imaginait enfouis sous la terre. Elle se souvenait des histoires sans fin qu’elle inventait pour chaque tombe, de toutes ces ombres qui palpitaient autour d’elle, qui ne la menaçaient jamais et qu’elle croyait entrevoir. De tous ces personnages qu’elle recréait et qui, pour elle, redevenaient vivants.»